Le théâtre et le street art pour
sensibiliser sur les risques de la migration irrégulière et sur les migrations sûres

OIM - ONU Migration
4 min readJun 23, 2021
Représentation Théâtrale à Saaba. Photo : OIM Burkina Faso

L’organisation internationale pour les migrations (OIM) au Burkina Faso a lancé le 9 juin au Théâtre Soleil de Ouagadougou la première de la tournée du spectacle « Tunka », dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur la migration irrégulière financée par l’Union européenne.

La pièce « Tunka », l’aventure en langue bambara, est produit en collaboration avec l’Espace Culturel Gambidi et la Compagnie Farneto Teatro. Elle prône l’importance de communiquer sur la migration, de donner une voix aux migrants, de les écouter et les respecter.

Dans la pièce, un groupe de migrants de retour au Burkina Faso racontent leurs aventures, leurs souvenirs et leurs parcours. Chacun leur tour, ils parlent de leur histoire, vers l’Italie, l’Espagne ou la Libye. Les récits sont puissants, poignants et pour certains effrayants.

Représentation Théâtrale à Koubri. Photo : OIM Burkina Faso

Thomas Mimpamba Combari, qui joue le personnage de Sidi explique : « J’ai su que cette pièce n’était pas comme les autres quand j’ai vu que le public ressentait toute la souffrance des personnages. Les gens retrouvaient à travers la pièce des membres de leurs familles qui sont partis à l’aventure et qui, pour certains, ne sont jamais revenus. Je suis porté par cette émotion qu’ils me donnent pendant que je joue ».

Basé sur un format de théâtre d’intervention sociale, le spectacle est conçu pour susciter l’émotion et l’attention mais également la discussion et l’échange dans le public et dans la communauté. Un débat ouvert suit directement chaque spectacle et incite les spectateurs à interagir sur le thème, avec les acteurs mais aussi avec des experts.

Durant la première, les spectateurs sont interpellés et embarqués dans l’univers de ces migrants de retour et font face aux défis qu’ils ont rencontré durant leurs parcours. Le son de la kora, puissante référence au monde mandingue, peuple ancestral d’Afrique de l’Ouest, accompagne la narration et submerge le public.

Débat avec les acteurs et le public à Saaba. Photo : OIM Burkina Faso

Alizeta a été particulièrement émue. « Je pensais que c’était des vrais migrants de retour et pas des acteurs. La partie sur la traversée du désert m’a fait pleurer, parce que plusieurs hommes de ma famille sont partis à l’aventure, et ce passage m’a fait imaginer leurs souffrances ». A cette intervention théâtrale s’ajoute une prestation de street art (art de la rue). Mise en œuvre par l’OIM à travers le concept de « Street Art Together », chaque représentation de la pièce est accompagnée de la création d’une peinture murale avec des artistes locaux. Inspirée du spectacle, la fresque donne une dimension visuelle supplémentaire et permet d’impliquer davantage les populations locales, Le street art laisse une trace et un ancrage plus durables aux messages de la pièce.

La tournée de sensibilisation de « Tunka » se fera en français et en dioula. Durant les mois de juin et juillet de cette année, elle parcourra 5 zones périphériques de Ouagadougou et 10 localités du Burkina Faso (Boromo, Banfora, Dédougou, Houndé, Bobo-Dioulasso, Fada N’Gourma, Koupela, Koudougou, Kaya, Ouahigouya), des régions à forte tendance migratoire.

Pour Luca Fusi, metteur en scène de la tournée, l’alliance des deux langages artistiques permet d’amplifier la portée émotionnelle du message. « La représentation théâtrale est une expérience collective émotionnelle et éphémère, tandis que le street art pose un acte plus permanent et permet de prolonger la réflexion individuelle », dit-il.

Street Art à Koubri. Photo : OIM Burkina Faso

Aissatou Guisse Kaspar, chef de mission de l’OIM, ajoute « la sensibilisation aux réalités complexes de la migration est essentielle pour que les migrations puissent se faire de manière informée, dans le respect des règles et des droits des migrants et pour faciliter la réintégration des migrants de retour ».

Depuis le début de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants au Burkina Faso en 2017, 3 316 migrants de retour ou en transit ont été assistés par l’OIM.

Cet article a été écrit par Karine Johannes de l’OIM Burkina Faso.

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Compte officiel de l'OIM, l'Organisme des Nations Unies chargé des migrations. Des histoires de résilience et de migration en français.