Burkina Faso : Aziz et Sayouba, deux migrants de retour aviculteurs à l’épreuve de la COVID-19

OIM - ONU Migration
3 min readAug 4, 2021
Les activités reprennent petit à petit dans la cours familiale de Sayouba. Photo : Judicaël Lompo/OIM

En 2019, Aziz et Sayouba, deux migrants de retour de Libye, ont mis en place une ferme avicole à la périphérie de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.

« Nous avions commencé petit à petit avec l’aide de l’OIM, nous avions plus de 1 000 têtes et nous avons réussi à fidéliser notre clientèle. Tout allait bien », dit Sayouba.

Mais l’avènement de la pandémie de COVID-19 va ralentir les activités de cette entreprise prospère. La clientèle de Aziz et de Sayouba était principalement des hôtels et des restaurants. Avec la crise, les hôtels, les restaurants ont fermé pendant un certain temps. Il y avait aussi le couvre-feu qui avait été instauré et la ville de Ouagadougou mise en quarantaine pendant un certain temps.

« Nous n’arrivions plus à écouler facilement nos poulets. Nous avions les poulets, mais personne n’achetait et nous devions continuer de les alimenter », explique Sayouba.

Quand ils allaient vers les clients habituels, ceux-ci leur expliquaient qu’ils ne pouvaient pas prendre de poulets n’ayant pas non plus de clients et que leurs stocks mêmes pourrissaient dans les réfrigérateurs.

« Nous n’arrivions plus à écouler, nous n’avions plus les moyens de nous procurer des aliments pour volaille et la maladie a aggravé la situation. Nous avons perdu au total 405 sujets », renchérit Aziz.

Cette perte équivaut à plus d’un million de francs CFA (environ 1 500 euros). A cela s’ajoutent les pertes enregistrées pour l’achat des aliments.

Les deux aviculteurs ont dû trouver d’autres stratégies pour sauver leur affaire.

« Nous louions la ferme à 20 000 F CFA (30 euros) par mois. Avec les pertes enregistrées, nous avons jugé bon de revenir dans la cour familiale de Sayouba, là où nous avions commencé. Ce qui nous a permis de réduire un peu nos charges », explique Aziz.

Ils font également de petits travaux rémunérés afin de garantir l’alimentation de leurs poulets.

« J’ai travaillé avec un vétérinaire. Je l’aidais dans ses sorties de vaccination. Je lui servais aussi de conducteur et je l’aidais dans ses activités. Cela m’a permis d’avoir un peu d’argent et d’en savoir un peu plus sur les soins des poulets », explique Sayouba.

Aziz de son côté a travaillé avec un gérant de quincaillerie pour la livraison de matériaux de construction.

Les secteurs comme la restauration, l’élevage ont été durement touchés par les mesures restrictives qui ont suivi les premiers cas de COVID-19 au Burkina Faso. Photo : Judicaël Lompo/OIM

Aujourd’hui, la situation sanitaire s’améliore progressivement et les activités ont repris dans les hôtels et les restaurants au grand bonheur d’Aziz et de Sayouba.

« Nous avons repris doucement. Nous avons 750 têtes de coquelets actuellement, nous avons bon espoir que nous allons atteindre notre capacité de production d’avant la COVID-19 », dit Aziz.

Le duo a renoué le contact avec leurs clients des restaurants, des hôtels et des grilleurs. Les aliments pour les poulets constituent leur plus grand besoin actuel.

« C’est un métier que nous aimons et qui est très rentable. Donc il n’est pas question pour nous d’abandonner », a déclaré Sayouba. Selon lui, leur affaire aurait été plus rentable s’il n’y avait pas eu de COVID-19.

« Nous avions déjà acheté deux motos. Nous envisagions d’acheter un tricycle pour ravitailler nos clients et construire deux boutiques pour diversifier nos sources de revenus », explique-t-il.

Aziz et Sayouba ne sont pas les seuls migrants de retour qui ont essuyé des pertes dues à la COVID-19. Les Burkinabè de retour, en particulier ceux qui ont monté leur projet de réintégration dans les secteurs comme la restauration, l’élevage, ont été durement touchés par les mesures restrictives qui ont suivi les premiers cas de COVID-19 au Burkina Faso. Mais ils restent déterminés à reconstruire leurs vies.

Cet article a été écrite par Judicaël Lompo de l’OIM Burkina Faso.

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