Au Niger, vers une meilleure prise en charge des enfants non accompagnés ou séparés

OIM - ONU Migration
4 min readJun 16, 2021
Les enfants restent au minimum un mois dans les centres de transit, le temps de procéder au retracement familial. Photo : OIM/Daniel Kouawo

Au Niger, environ un tiers des migrants recensés par l’OIM entre 2016 et 2019 sont des enfants, venant en majorité du Mali, de Guinée et du Cameroun. Parmi eux, les enfants non accompagnés ou séparés sont les plus difficiles à localiser. A l’occasion de la Journée de l’Enfant Africain, l’OIM rappelle l’urgence d’une meilleure prise en charge des enfants en mobilité, et en particulier ceux qui sont non accompagnés et/ou séparés.

Les adolescents et les jeunes en mouvement le long de la route de la Méditerranée centrale (route migratoire traversant la mer Méditerranée par la Libye et l’Algérie) sont confrontés à des niveaux élevés d’abus, d’exploitation et de discrimination. Les risques sont très élevés pour certains jeunes migrants et réfugiés : 62% des adolescents (14–17 ans) interrogés ont rapporté avoir été détenus contre leur volonté durant leur voyage, et 47% rapportent avoir été contraints au travail forcé, selon une étude conjointe menée par l’OIM et l’UNICEF en 2017 sur les enfants en mouvement à travers la mer Méditerranée et les risques de traite et d’exploitation auxquels ils sont exposés. Cette étude montre que huit enfants sur dix ont été victimes d’exploitation sur la route Méditerranée centrale.

Des activités récréatives sont organisées pendant le séjour des mineurs dans le centre de transit de Niamey. Photo: OIM/Daniel Kouawo

A Niamey, Djibril, Camerounais de 17 ans n’a plus que quelques heures avant de prendre l’avion qui le ramènera à Douala, dans le cadre de l’Aide au Retour Volontaire organisée par l’OIM. Comme plus de la moitié des mineurs non accompagnés recensés par l’OIM, il est parti sans avertir sa famille, et ne précise pas comment il a trouvé les 500 euros qu’il a dépensés pour traverser le Nigeria, le Niger, pour rejoindre la capitale algérienne.

« Avant d’arriver à Tamanrasset, on est restés plusieurs mois à In Guezzam, un village après la frontière nigérienne : on avait laissé l’argent à un grand frère au Cameroun qui nous l’envoyait pour chaque étape, mais il n’y a pas de système de transfert international là-bas. On a dû travailler sur les chantiers un bon moment. On payait notre logement 500 Dinars par semaine. Finalement on a pu rejoindre Tamanrasset, puis Alger. De là, on espérait arriver en Tunisie, et traverser jusqu’en Europe. »

Après plusieurs semaines passées dans le centre de transit de Niamey, les sentiments de Djibril peu avant son départ sont contrastés : « d’une manière, je suis heureux de retrouver ma famille. Mais de l’autre, j’ai tout perdu. » Djibril souhaite toujours rejoindre l’Europe, mais, dit-il « par la voie légale ». La déception et la honte font partie des difficultés à gérer au jour le jour, dans les centres de transit, en particulier avec les adolescents. Beaucoup ont traversé des épreuves difficiles, qui nécessitent un accompagnement psychologique au quotidien. De plus, chaque enfant est suivi individuellement par l’assistant protection spécialisé.

Djibril procède aux dernières formalités administratives avant de retourner au Cameroun dans le cadre de l’Aide au Retour Volontaire. Photo : OIM/Dorothée Thiénot

Afin d’évaluer le meilleur intérêt de l’enfant non accompagné et de trouver une solution durable pour son futur, OIM retrace la famille dans le pays d’origine, une démarche souvent longue et laborieuse. Une fois le retracement familial effectué, l’organisation remet son évaluation au juge des mineurs au Niger, qui détermine l’intérêt supérieur de l’enfant.

“Les efforts du gouvernement nigérien ont été très importants depuis quelques années pour intégrer la protection de l’enfance dans son arsenal juridique, et l’OIM l’accompagne pour mieux prendre en charge les mineurs en mobilité.”, souligne Barbara Rijks, Cheffe de mission de l’OIM Niger.

En effet au Niger, la législation nationale ne prévoit que très peu de droits spécifiques aux enfants non accompagnés ou séparés. L’OIM Niger a donc produit un guide à l’usage des juges des mineurs, comme ressource afin d’apporter une meilleure assistance et protection. Depuis 2014, le gouvernement a marqué sa volonté de créer une juridiction spécialisée pour les enfants. Dans les faits, cette spécialisation n’a pu encore être réalisée, notamment car les formations spécifiques ne sont pas encore opérationnelles. Ce travail intervient donc en accompagnement auprès du ministère de la Justice, afin de mieux outiller les juges dans leur réponse à la situation délicate des enfants non accompagnés.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Dorothée Thiénot de l’OIM Niger Tél: +80 06 65 89, Email: dthienot@iom.int

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Compte officiel de l'OIM, l'Organisme des Nations Unies chargé des migrations. Des histoires de résilience et de migration en français.