1200 kilomètres de sable et poussière

OIM - ONU Migration
6 min readOct 15, 2020

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Une caravane itinérante sensibilise à la COVID-19 au Niger

Pendant les deux semaines de la caravane, les MobComs de l’OIM ont visité plusieurs ghettos où résident des migrants en transit. Photo: OIM / Daniel Kisito Kouawo

« Vous souhaitez donc en savoir plus sur la COVID-19 ? Avez-vous entendu des rumeurs que vous aimeriez que nous vérifiions ? »

C’est le slogan de la caravane de sensibilisation « In Da Na Sa’ni COVID-19 » (haoussa pour « Si seulement j’avais su COVID-19 »), qui s’est récemment rendue dans des communautés éloignées à travers le Niger — sur plus de 1 200 kilomètres — pour délivrer des messages clés sur le coronavirus.

Avec un peu plus 1 200 personnes testées positives et 69 décès, le Niger est un des pays les moins impactés par la COVID-19 en Afrique de l’Ouest et du Centre. D’un autre côté, les impacts économiques et sociaux se ressentent car de nombreux Nigériens issus de milieux modestes n’ont plus de revenus et traversent désormais une période d’incertitude.

La campagne vise à éduquer les communautés sur les dangers de la COVID-19, en les motivant à se protéger tout en leur donnant les outils pour le faire. Cela signifie également renforcer la cohésion sociale dans les communautés accueillant des migrants et déstigmatiser le rôle qu’ils jouent dans la propagation du virus.

« Jusqu’à présent, les retours n’ont été que positifs! » a déclaré Ismael Yamdogo, un mobilisateur communautaire (ou « MobCom ») à Niamey, la capitale du Niger.

« Il y a beaucoup de rumeurs liées à la COVID-19 et cette caravane offre aux populations la possibilité de poser des questions et d’échanger avec nos équipes, les membres de la communauté et les jeunes leaders », ajoute Ismael. « Les réponses se trouvent souvent sous leurs yeux. Mais les gens n’ont pas l’occasion d’en discuter. »

La caravane a parcouru plus de 1 200 kilomètres pour atteindre les communautés éloignées. Photo: OIM / Daniel Kisito Kouawo

La campagne contribue à lutter contre la désinformation et les « intox » (fausses informations) tout en faisant la promotion des recommandations et des directives médicales partagées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Ministère de la Santé publique du Niger. L’équipe de sensibilisation communautaire de l’OIM s’est associée à la maison de disque locale Art-Disc Records pour organiser plusieurs événements à Niamey, Tahoua, Arlit et Agadez, auxquels ont participé plus de 10 000 migrants et membres de la communauté.

Les MobComs de l’OIM ont présenté un éventail d’activités à chaque arrêt, allant des crieurs publics aux séances de questions-réponses et aux jeux. Plusieurs débats radiophoniques sur la COVID-19 ont été organisés et des enregistrements audios dans les langues locales ont été partagés par dix stations de radio communautaires dans des régions clés le long des routes migratoires populaires. La diffusion des messages est toujours en cours.

« Nous avons vraiment apprécié le débat et les outils que nous avons reçus », a expliqué Ousmane à la Radio Boukoki à Niamey.

« Nous veillerons à ce qu’ils soient diffusés souvent, même après la fin de la campagne. Ce n’est pas parce que l’activité se termine aujourd’hui que tout le monde est déjà informé. Même quand ils disent qu’ils comprennent, ils peuvent oublier le lendemain! » dit-il en riant.

Les migrants ont accueilli les MobComs dans leurs ghettos et étaient ravis de recevoir équipement de protection. Photo: OIM / Daniel Kisito Kouawo

« Nous sommes toujours confrontés à de nouveaux défis dans notre travail de sensibilisation, mais la COVID-19 a été sans aucun doute le plus important à ce jour », a déclaré Stephanie Eeckman, responsable de la sensibilisation communautaire à l’OIM Niger. « À une époque où la distanciation sociale est vitale, il est extrêmement difficile de livrer des messages clés à un large public. Nous avons dû adapter nos méthodes pour que notre campagne atteigne ses objectifs. »

Tout au long de la caravane de deux semaines, les mobilisateurs communautaires de l’OIM ont également mis en place un réseau de 30 groupes de surveillance de quartier formés aux mesures de prévention. L’OIM les a également équipés de stations de lavage des mains, de désinfectant pour les mains, de savon et de masques pour assurer la durabilité de la campagne.

Consciente que les informations exactes sont souvent rares pour les populations vulnérables, en particulier les migrants, l’équipe de sensibilisation communautaire de l’OIM compte sur ces groupes pour partager les informations avec le reste de leur communauté à travers de petits rassemblements et des groupes de discussion.

Au cours des visites, les migrants ont pu parler de leurs craintes et stigmatisation liés au COVID-19. Photo: OIM / Daniel Kisito Kouawo

En tant que chef d’une veille de quartier dans une communauté libérienne du quartier populaire de migrants connu sous le nom de Gamkalley à Niamey, Michael a été extrêmement consciencieux dans toutes les activités de sensibilisation.

« Nous avons demandé aux gens de s’abstenir de se serrer la main et de s’embrasser pour la sécurité de leurs proches et de notre communauté en général », dit Michael. « Je suis convaincu qu’en travaillant ensemble et en respectant ces mesures, nous pouvons vaincre cette pandémie. »

Tout au long de la campagne, plus de 650 masques, 500 bouteilles de désinfectant pour les mains et 30 stations de lavage des mains ont été distribués aux migrants en transit qui n’ont pas les moyens de se protéger. Michael envisage maintenant de former ses amis à fabriquer des masques et à « se frayer un chemin à travers la pandémie », comme il le dit.

Des artistes nigériens réputés se sont associés aux MobComs et ont visité les centres de transit de l’OIM. Photo: OIM / Daniel Kisito Kouawo

Sur le modèle des précédentes activités de sensibilisation réussies, des spectacles d’artistes nigériens réputés dans les centres de transit de l’OIM ont été organisés dans le cadre de cette caravane. Les artistes se sont réunis à la fin de la caravane pour participer à un concert en ligne de deux heures suivi en direct par plus de 5 000 personnes.

« Nous sommes confrontés à un défi extraordinaire mais nous ne pouvons pas nous permettre d’être spectateurs. Nous devons montrer notre résilience et notre engagement pour surmonter les défis et devenir plus forts à travers tout cela », a déclaré Alain Kpobli, chef de projet à Art-Disc Records.

L’un des spectateurs les plus enthousiastes des centres de transit était Jeremiah du Nigéria, qui séjourne au centre de transit de l’OIM à Niamey depuis un peu plus d’un mois. « Il est facile lorsque vous êtes au centre — loin du reste du monde — d’oublier ce qui se passe en dehors ; que les gens tombent malades ; que les gens meurent. Vous ne devriez jamais prendre votre santé à la légère. Tout peut changer en quelques secondes. »

Plus de 10 000 migrants et membres de la communauté ont été touchés pendant la campagne. Photo: OIM / Daniel Kisito Kouawo

La caravane de sensibilisation de l’OIM a été organisée grâce au soutien du Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) — le bureau humanitaire du Département d’État américain — dans le cadre du projet « Niger Emergency Response to the COVID-19 Pandemic: Strengthened Support for Vulnerable Migrants Stranded in Niger ».

Cette histoire a été écrite par Monica Chiriac, responsable médias et communication à l’OIM Niger.

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Compte officiel de l'OIM, l'Organisme des Nations Unies chargé des migrations. Des histoires de résilience et de migration en français.

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